Produit par Les Films d’Ici, en coproduction avec Promenons-nous dans les bois, Samsa Films (LU), Tempo Films
Réalisé par François Caillat
Écrit par François Caillat, Crisitna Comencini
Livret de Valerio Magrelli
Musique originale par Carlo Crivelli
Production exécutive de Promenons-nous dans les bois
Avec le soutien de la Région Grand Est, du Film Fund Luxembourg, du RTGE
Ils sont une dizaine de jeunes gens de trente ans, Aurélie, Yves, Laurène ou Stéphane. Ils travaillent dans des métiers qu’on n’imaginait même pas il y a quelques années, la robotique, l’assurance programmée, l’intelligence artificielle : le monde virtuel de demain.
Chaque matin, ils traversent la frontière depuis leur village lorrain et vont rejoindre leur entreprise au Luxembourg. Ils roulent dans des voitures de luxe, ils ont de gros salaires. Leur métier au Grand-Duché leur donne un statut social que n’auraient jamais imaginé leurs ancêtres, immigrés italiens arrivés au village durant le vingtième siècle.
Leur village, c’est Thil, les cité Sainte-Barbe et Sainte-Claire, la petite bourgade de Villerupt autrefois célèbre pour ses usines sidérurgiques et ses mines de fer. Il ne reste rien de ce passé glorieux, tout a été fermé ou démoli dans les années 1990. On a oublié les fiers travailleurs, l’ambiance fraternelle des cités, les bistros et chansons populaires, les mamas qui préparaient la pasta. Les industries ont disparu, emportant dans un passé lointain la culture ouvrière, les longues luttes sociales, les grèves et les défilés, tous les archétypes d’une France productive au temps des Trente Glorieuses. Leurs descendants, qui rentrent à la maison après une journée de travail au Luxembourg, ne savent presque rien de cette vie passée. Ils ne parlent plus l’italien, ils dépensent beaucoup pour le fitness et la diététique, ils ont un train de vie de cadressupérieurs grâce à leurs riches employeurs. Pourtant, ils continuent d’habiter Thil parce qu’ils ont grandi dans la cité et conservé le goût italien de la famille. Ils pourraient s’installer en ville ou se faire construire un pavillon ailleurs, mais la plupart préfèrent habiter la petite maison où vivaient leurs aïeux.
Dans la journée, tandis que ces jeunes gens sont occupés au Luxembourg, la cité semble se réveiller. Des fantômes la hantent et chantent en italien le monde d’antan. Ce sont des choeurs ouvriers, des solos amoureux, des chants de mineurs au fond d’une galerie… Tous évoquent le passé, la vie joyeuse et difficile des habitants de Thil – dans le style de l’opéra italien, Puccini et Verdi, très apprécié par les immigrés transalpins. Deux mondes se croisent. Le monde d’hier, l’époque industrielle des classes laborieuses, dont le souvenir revient hanter durant le jour la cité désertée. Et le monde de demain, l’époque des algorithmes et de robots, préparé par des cadres enthousiastes et savants. Ces jeunes gens sont les héros de l’avenir, ils nous annoncent les Temps Nouveaux.